Écrire que Sid Meier est l’un des plus grands noms du jeu vidéo est somme toute banal, il est notamment connu pour des œuvres comme Pirates, Railroad Tycoon ou la série démarrée en 1991 des Civilization. Alpha Centaury s’inscrit dans la filiation de Civilization, car il est un peu la suite de l’opus 2. Developpé par Firaxis Games, la société fondée par le maître après qu’il s’est séparé d’avec Activision, le titre du jeu est très précisément Sid Meier’s Alpha Centaury afin d’en bien affirmer la paternité et éviter toute confusion avec Call to Power sorti quasiment au même moment chez Activision et également présenté comme une suite à Civilization. Scientiste ou fondamentaliste ? Comme je le disais précédemment, des partis se sont formés à bord de l’Unity, ils sont au nombre de sept, inspirés par les courants politiques mondiaux. Il faut bien dire qu’ils correspondent à une vision étatsunienne assez stéréotypée, et l’on y remarquera quelques grands absents et des présentations pour le moins outrancières. On se rendra également compte qu’obéissant au code de conduite du politically correct, les hauts dignitaires de chacun de ces partis sont incarnés par un échantillon tendant vers une représentation des diversités humaines. Déroulement d’une partie Alpha Centaury est conforme à ce qui se pratique dans le jeu de stratégie. Vous démarrez la partie avec votre petite capsule perdue dans l’immensité noire de cette nouvelle planète qu’est Chiron, vous voilà en quelque sorte seul au monde ! Vous allez donc explorer les environs à la recherche de terre constructible et progressivement bâtir vos bases, construire des infrastructures, terraformer l’environnement, gérer vos réserves, déterminer vos priorités de recherche, engranger de l’énergie et de la monnaie, organiser et améliorer la vie sociale de vos concitoyens ou au contraire leur en faire baver selon vos choix idéologiques, vous lancer dans la construction de « projets secrets » (qui reprennent le thème des Merveilles dans Civilisation ou Age of Empires) ou d’armes terrifiantes... Votre évolution dans le jeu à un côté linéaire puisqu’elle obéit à un arbre technologique qui comporte l’ensemble des découvertes possibles imbriquées et hiérarchisées, elles sont organisées autour de 4 pôles, chacun d’eux étant très lié à vos choix idéologiques de départ : découvrir, bâtir, explorer et conquérir, les possibilités de construction sont conditionnées à l’avancée dans cet arbre, par exemple si vous voulez construire des cuves de clonage, découvrez d’abord la biomachinerie. Ergonomie, interface et aide Les jeux de stratégie demandent généralement des efforts de prise en main qui peuvent être conséquents. Les personnes ayant pratiqué Civilization ne seront pas trop déroutées par Alpha Centaury, car les deux interfaces sont très proches, les autres auront à opérer de fréquents allers-retours entre le jeu et le manuel, ou auront recours à l’aide en ligne toujours présente et très explicative. Cela dit, quelle que soit la pratique que l’on a de ce genre de jeu, il faut néanmoins quelques parties pour prendre la mesure de tous les paramétrages possibles, car de nombreux détails peuvent être modifiés à l’aide de différents panneaux de configuration accessibles via le menu. C’est donc cette profondeur dans le niveau de jeu qui se paie par une complexité pouvant effaroucher le novice. L’écran de jeu se divise en deux zones principales, les trois-quarts sont occupés par la carte en 3D isométrique sur laquelle vous visualisez votre champ d’action et dont l’échelle de vue est modifiable, le tiers restant contient le bandeau qui présente différentes informations contextuelles (statistiques de jeu, statut des éléments sélectionnés, suivi de bataille...), une carte de la planète miniature et surtout l’accès aux deux menus. Car comme je le disais, l’essentiel du jeu se déroule via les menus donnant accès aux tableaux de bord grâce auxquels vous dirigez la destinée de votre faction de A jusqu’à Z. Et pour ceux qui préfèrent une navigation plus rapide, la plupart de ces tableaux de bord sont accessibles par des raccourcis- clavier ou par un [control]+[clic] sur l’écran ou une unité active. Concernant les graphismes, il y a de bonnes et de moins bonnes choses. Tout d’abord, les illustrations qui marquent chaque moment important dans votre évolution sont plutôt réussies dans un style très science-fiction à la Siudmak, les animations saluant l’aboutissement d’un projet secret sont quant à elles un peu moins convaincantes. Le design général, notamment des menus et tableaux, est également très soigné et tout particulièrement l’atelier qui permet de customiser les véhicules et outillages divers. En revanche, les paysages et les vues générales ne sont pas très fouillés, voire pauvres et rappellent un peu SimCity 2000, néanmoins cela a pour avantage de rendre le jeu très rapide dans ses calculs et fluide lors de tous vos déplacements sur la carte ou à travers les différents éléments d’interface. Pour le reste, Sid Meier’s Alpha Centaury se joue au tour par tour et il est vrai que cela demande un peu d’acclimatation, car on a l’impression de perdre la liberté et la réactivité auxquelles on s’est habitués en jouant en temps réel. Il s’agit donc de très vite calmer son impatience, de bien régler les préférences de jeu afin de pouvoir avoir la main systématiquement en fin de tour ou au contraire laisser se dérouler le jeu de façon automatique. Chaque tour suit un ordre standard et logique calé sur une année locale qui comporte le résultat des déplacements et des modifications décidés antérieurement, puis permet de définir de nouvelles priorités pour le tour suivant. Pour conclure : le jeu en vaut-il la chandelle ? Passer plusieurs heures à apprendre les règles d’un jeu peut en rebuter plus d’un, car il est clair qu’Alpha Centaury est un jeu complexe si l’on veut en tirer le jus, mais c’est aussi ce qui le rend passionnant et très addictif, car en termes de gestion et de personnalisation il va très loin. De plus, étant donnée la variété des options offertes, sa durée de vie est très longue, et cela sans compter les modes scénario et édition. Cependant, on peut également y jouer sans entrer dans la profondeur des réglages avec tout autant de bonheur. Nous pouvons également mettre en avant le thème retenu, car s’il y a quelques années les jeux s’appuyant sur des univers tirés de la science-fiction étaient nombreux, ils sont beaucoup plus rares aujourd’hui, si l’on excepte les produits dérivés de Star War. Du coup, Alpha Centaury prend un relief particulier, car le monde que le joueur y est invité à construire s’inscrit dans la plus pure tradition de la science-fiction classique, en le découvrant, on ne peut s’empêcher de songer à la série mythique d’Isaac Asimov qu’est Fondation, mais aussi à Dune ou à 2001, odyssée de l’espace. Alpha Centaury présente la vision d’un monde futuriste qui balaie une grande partie des mythes et fantasmes propres au genre : clonage, machines intelligentes, perception extra-sensorielle, greffe neuronale, vaccin de longévité... Les personnes férues de SF y trouveront donc leur compte ainsi que celles qui sont lassées de l’héroic fantasy et des ambiances de seconde guerre mondiale, car il faut bien dire que, contrairement au monde PC, les univers jouables sur Mac ne sont pas toujours très variés. Terminons en citant l’existence de Alien Crossfire, un add-on qui ne peut qu’ajouter à la durée de vie d’Alpha Centaury. A essayer ou réessayer. |